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Rapport ESG : Corvée ou chance pour le transport ?

Depuis le 1er janvier 2024, un premier groupe de grandes entreprises est tenu d’établir un rapport sur la durabilité. Cette obligation introduite par la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) de l’Union européenne (UE) s’inscrit dans le cadre du Pacte vert européen. Les sociétés de transport sont donc tenues de mesurer leurs émissions et d’en faire rapport. Comment aborder cet exercice de la bonne manière, afin qu’il devienne un atout plutôt qu’une pure formalité ? - Febe De Brabanter

La nouvelle CSRD a pour but d’amener certaines entités à fournir des informations non financières plus comparables, accessibles et pertinentes. Elle doit notamment permettre aux investisseurs, aux organisations de la société civile, aux consommateurs et autres parties prenantes d’évaluer les performances des entreprises en matière de durabilité. Depuis janvier 2024, 11.700 organisations d’intérêt public cotées en bourse et occupant plus de 500 travailleurs, sont tenues d’établir un rapport sur leur politique de durabilité. Bien que seules les grandes entreprises soient tenues actuellement de rendre compte de leur politique de durabilité, des sociétés plus petites suivront rapidement. Elles font souvent partie de l’écosystème d’entreprises de plus grande taille. Les sociétés de transport plus petites qui effectuent des missions à la demande de grandes entreprises doivent ainsi soumettre les données nécessaires en matière de durabilité.

Scopes 1, 2 et 3

Concrètement, les sociétés de transport doivent essentiellement établir un rapport sur leurs émissions. La législation porte sur des émissions réparties en trois catégories ou scopes. Le Scope 1 concerne les émissions directes issues de sources dont l’entreprise est propriétaire ou assure la gestion. Il s’agit des sources d’énergie sur site telles que la consommation de combustibles fossiles ou les émissions de véhicules détenus par l’organisation. Le Scope 2 couvre les émissions indirectes produites par l’énergie achetée, comme l’électricité et les sources de chaleur ou de refroidissement, générées en dehors de l’entreprise et consommées par l’entreprise. Les émissions indirectes produites dans la chaîne de valeur sont ajoutées dans le Scope 3, ce qui peut représenter jusqu’à 90 % du total des émissions.

Le TMS à la rescousse

Il faut énormément de temps pour collecter les données et les compiler dans un rapport. Un Transport Management System (TMS) peut alors s’avérer très utile pour les transporteurs. « Un TMS est un logiciel qui gère le planning, l’exécution et le suivi du transport de marchandises », décrit l’expert en TMS et Senior Director Product Management chez Descartes, Eric Geerts.

Un tel programme est capable de mesurer les données relatives aux émissions des activités logistiques, de les compiler et de les traiter de manière compréhensible dans un rapport. « Comme un tel TMS collecte une grande quantité de données, il dispose d’une bonne base pour calculer et établir un rapport sur les émissions du Scope 3 issues des transbordements, ce qui couvre une partie importante des obligations européennes », dit Eric Geerts. « Il permet aux entreprises de digitaliser leur chaîne logistique et de la rendre plus efficace et plus durable. »

Selon lui, un TMS peut s’avérer extrêmement utile pour diverses entreprises de moyenne ou grande taille : « Le système vient à point pour des sociétés de distribution, des sociétés de logistique et toutes sortes d’entreprises qui produisent et exportent des marchandises, et qui importent des matières premières ou des produits semi-finis ou finis. »

De l’obligation à l’opportunité

Avec la nouvelle directive, les institutions de l’UE espèrent réaliser une croissance plus durable et plus inclusive. Une organisation peut en tirer de nombreux avantages si elle aborde l’exercice de la bonne façon. En effet, un rapport sur la durabilité est susceptible de mettre en lumière des lacunes dans la chaîne logistique. En traitant les sources d’inefficacité et en optimalisant les processus tout au long de la chaîne de valeur, il est possible de réduire les coûts. De plus, un rapport sur la durabilité peut exposer les effets des activités de l’entreprise sur l’environnement, ce qui lui permet ensuite de prendre des mesures pour les réduire.

En outre, un rapport sur la durabilité amène une entreprise à se montrer transparente sur ses initiatives en la matière et sur sa façon d’entreprendre. Aujourd’hui, les investisseurs, les banques, les clients et autres partenaires accordent une grande importance à la transparence. Par ailleurs, un rapport solide dans ce domaine est un moyen pour l’entreprise de se démarquer. Désormais, les consommateurs optent de plus en plus souvent pour des sociétés ou des modes de livraison durables. Les transporteurs qui misent sur cette tendance et qui sont en mesure de le démontrer dans leur rapport ont donc une longueur d’avance.

Vers une communication holistique en matière de durabilité

Pour transformer plus encore cette obligation en une opportunité, vous devez vous demander comment faire le pont entre votre rapport sur la durabilité et une approche holistique de qualité pour votre communication en la matière. Pour cela, il faut commencer par dresser un état des lieux de votre situation en tant qu’entreprise et de vos objectifs. Le modèle D-spot, tiré du livre ‘Do Tell’ publié fin 2023 chez Lannoo Campus, offre un point de repère intéressant. Le modèle visualise votre communication sur la durabilité selon deux axes : dans quelle mesure vos efforts en la matière portent-ils sur les activités essentielles de votre marque et dans quelle mesure communiquez-vous sur ces efforts ? Cette analyse critique donne à votre entreprise un point de départ pour poursuivre le travail.

Mais vous ne pouvez pas le faire seul. La durabilité est un domaine interdisciplinaire, qui demande la collaboration de plusieurs départements. Elle ne constitue pas un chapitre distinct, mais plutôt un thème récurrent et pertinent dans toutes vos activités. C’est pourquoi il est important que la durabilité fasse partie dès le départ de votre stratégie et que votre communication et votre rapport sur la durabilité en découlent. Il ne serait pas très fructueux de faire rapport sur votre politique de durabilité uniquement à des fins de compliance.

Dans votre communication en matière de durabilité, vous devez toujours et à tout moment vous garder de faire du greenwashing, une forme de désinformation dans laquelle des entreprises utilisent la durabilité pour améliorer leur image. Le greenwashing doit être évité. Pour ce faire, il est important que vous communiquiez avec transparence sur la durabilité de votre entreprise et que vous rendiez compte de la situation complète, même si vous présentez certaines lacunes.

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