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Une belle reprise mais des défis de taille

Trends Business Information a effectué une analyse sectorielle détaillée. Conclusion sur la base des chiffres relatifs à la période 2018-2022 : le secteur des transports dans notre pays ne s’en sort globalement pas si mal, mais il fait face à de nouveaux défis. Les exigences en matière de durabilité en particulier, exercent une pression considérable sur les marges. - Filip Michiels

Dans notre pays, le secteur des transports dans son ensemble – de la construction navale aux services de messagerie, en passant par le transport routier de marchandises jusqu’au concessionnaire automobile – compte actuellement plus de 29.000 entreprises. Ce nombre est resté plus ou moins stable ces cinq dernières années, même si l’on a observé, l’année dernière, une légère baisse par rapport à l’année 2022. « 2019 – dernière année avant le covid – a été exceptionnelle pour l’ensemble de l’économie, et donc aussi pour le secteur des transports », se souvient notre analyste Pascal Flisch. Il ajoute : « Par la suite, la situation s’est légèrement dégradée et, en 2023, les fermetures d’entreprises ont été pour la première fois plus nombreuses que les créations. En 2023, le secteur comptait donc un peu moins d’entreprises, bien que l’on observe évidemment de grosses différences entre les sous-secteurs. Le nombre de sociétés de taxis, par exemple, a encore augmenté de façon spectaculaire en 2023. Mais n’oublions pas que ce secteur compte souvent de très petites sociétés, voire des entreprises individuelles. Quoi qu’il en soit, le constat est et reste frappant : les chauffeurs de taxi font régulièrement l’actualité parce qu’ils sont mécontents de leur statut ou de leurs conditions de travail, mais parallèlement, de nouvelles compagnies sont créées chaque année. En cinq ans, cette augmentation s’élève même à plus d’un millier. »

Le nombre d’entreprises spécialisées dans le transport routier de marchandises a légèrement diminué l’année dernière, mais selon l’analyste, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. « Il s’agit probablement d’une sorte de consolidation dans le secteur, où les grandes entreprises ont acquis un certain nombre de très petites entreprises. Même chez les services de messagerie, nous constatons une baisse du nombre d’entreprises pour la deux-ième année consécutive, mais cela ne devrait guère surprendre : les marges dans ce secteur sont si minces que bon nombre de petites entreprises luttent constamment pour survivre », précise-t-il.

Baisse de la valeur ajoutée

L’analyse des marges et de la rentabilité ces cinq dernières années est tout aussi intéressante que l’évolution du nombre d’entreprises dans le secteur. Elle révèle en effet que la valeur ajoutée des entreprises de la quasi-totalité du secteur est en baisse depuis plusieurs années. À deux exceptions près. D’une part, les très petites entreprises (1-4 employés), d’autre part, les très grandes (minimum 1.000 employés). La crise du covid – et les problèmes souvent gigantesques qu’elle a engendrés dans les chaînes logistiques –  n’y est pas pour rien. À cela s’ajoute la guerre en Ukraine depuis 2022. Pascal Flisch précise :  « Si l’on prend également en compte l’inflation, on constate qu’en 2022, seules les très grandes entreprises du secteur des transports enregistrent une croissance réelle de la valeur ajoutée, soit plus de 11 % par rapport à une inflation d’environ 9 %.  Elles sont donc les seules à pouvoir répercuter la forte augmentation des prix sur leurs clients. Mais il est probable qu’elles aient aussi considérablement réduit leurs coûts. »

Si l’on examine les chiffres, nous voyons aussi que le secteur dans son ensemble se portait déjà nettement mieux en 2022 qu’en 2021. Il semble que les conséquences les plus graves de ces crises successives commencent lentement à s’estomper. Intéressons-nous de plus près aux frais de personnel dans le secteur. Il est frappant de constater qu’ils ont fortement augmenté partout : parfois même de plus de 12 %. Seule exception : les grandes entreprises de 1.000 employés et plus, où les frais de personnel moyens ont même quelque peu diminué.  « Il y a une double explication à cela », suggère Pascal Flisch. « D’une part, le recrutement d’un employé supplémentaire dans une petite entreprise a évidemment un impact beaucoup plus significatif sur la masse salariale en termes de pourcentages dans une petite entreprise que dans une entreprise qui compte 1.000 employés. D’autre part, je pense que ces très grandes entreprises ont également licencié quel-ques personnes pour maîtriser les coûts. Mais, d’une manière générale, la pénurie croissante sur le marché du travail, associée à l’indexation automatique des salaires, pèse évidemment sur les entreprises de l’ensemble du secteur. »

Un niveau d’investissement élevé

Autre constatation frappante : quelle que soit la taille des entreprises, le niveau moyen d’investissement en 2022 était remarquablement supérieur à celui de 2021. Dans certaines catégories – les très grandes entreprises en tête – les investissements en 2022 ont même plus que doublé par rapport à 2021. Pascal Flisch ajoute : « À mon avis, on peut attribuer cette augmentation au Pacte vert. Dans l’ensemble, le secteur ne connaît qu’une croissance limitée, je ne pourrais pas expliquer cet enthousiasme pour les investissements autrement que par la nécessaire écologisation : nouveaux véhicules, rénovations écologiques, constructions durables, etc. Cela dit, le secteur du transport n’est pas réputé pour l’abondance de ses ressources financières. En général, les fonds propres sont relativement limités, ce qui explique pourquoi on constate également un recours fréquent à l’emprunt. L’impact sur les coûts financiers, c’est-à-dire les intérêts sur le remboursement de divers prêts, augmente également de manière significative. Ce qui, consécutivement, rogne sur les marges. »

En ce qui concerne le cash-flow disponible des entreprises du secteur, la situation reste assez favorable en général. En 2022, seules les plus grandes entreprises ont connu une légère baisse de leur cash-flow moyen, tandis que toutes les autres catégories ont enregistré une forte augmentation. « Pour ces grandes entreprises, qui ont donc fait face à un rendement net négatif en 2022, cela n’est pas sans risques », prévient Pascal Flisch. « En effet, elles doivent puiser dans leurs réserves pour pouvoir rembourser leurs emprunts. À long terme, il leur reste donc deux options : soit réduire leurs investissements, soit augmenter leur chiffre d’affaires. Précisons qu’il s’agit uniquement des grandes entreprises  – et donc pas d’une multitude de petites entreprises –  mais leur grande influence économique ne doit certainement pas être sous-estimée. Lorsqu’une entreprise de 1.500 employés rencontre des problèmes, de nombreuses familles et fournisseurs en subissent les conséquences. » 

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